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DDe 23h à 24h

Troisième Heure de l'Agonie dans le Jardin.


Mon doux Bien, je te regarde et je vois que tu continues à agoniser. Ton Sang s'écoule de tout ton Corps et, ne pouvant plus te tenir debout, tu tombes dans la marre de ton Sang répandu. Ô mon Amour, mon coeur se brise à te voir si faible et exténué! Ton adorable Visage et tes Mains créatrices reposent sur le sol et trempent dans ton propre Sang. Aux fleuves d'iniquités provenant des créatures, tu opposes les fleuves de ton Sang précieux pour faire en sorte que toutes nos fautes soient noyées dans ce Sang et que chacun profite de ton Pardon. Mais, de grâce, ô mon Jésus, relève-toi, c'est trop!

Et pendant que mon aimable Jésus semble mourir dans son Sang, l'Amour lui donne une nouvelle Vie. Je le vois bouger avec peine. Il se lève, et tout trempé de Sang et de boue, il semble qu'il veuille marcher. Mais, n'en ayant pas la force, c'est à peine s'il arrive à se traîner. Ma douce Vie, laisse-moi te serrer dans mes bras.

Et tu vas voir tes chers disciples? Mais quel n'est pas ta Souffrance de les trouver de nouveau endormis! D'une Voix presqu'éteinte, tu les interpelles: «Mes fils, ne dormez pas, l'heure est proche, ne voyez-vous pas à quel état je suis réduit? De grâce, aidez-moi, ne m'abandonnez pas en ces heures si terribles!»

Tu vacilles et tu es sur le point tomber, ô Jésus. Alors Jean étend les bras pour te soutenir. Tu es tellement méconnaissable que si ce n'était de ta suave Voix, tes disciples ne te reconnaîtraient pas. Puis, leur recommandant de veiller et de prier, tu retournes dans le Jardin. Mais je décèle dans ton Coeur une nouvelle Blessure. J'y vois les fautes de ces âmes que tu as comblées de tes Faveurs, Dons et Caresses, et qui, durant les nuits de l'épreuve, restent comme assoupies et endormies, perdant ainsi l'esprit de prière et de veille continuelles.

Mon Jésus, il est pourtant vrai que pour l'âme qui a goûté à tes Caresses et qui, par la suite en est privée, il lui faut une grande force, presque un miracle, pour résister à l'épreuve. Par conséquent, tandis que je compatis avec toi pour ces âmes dont les négligences, les légèretés et les offenses sont particulièrement amères à ton Coeur, je te prie, au cas où elles parviendraient à faire un seul pas qui puisse te déplaire, de les entourer de tant de Grâces qu'elles les arrêtent afin qu'elles ne perdent pas l'esprit de prière continuelle!

Mon doux Jésus, tandis que tu retournes dans le Jardin, on a l'impression que tu n'en peux plus. Tu élèves au Ciel ta Face trempée de Sang et de terre, et tu répètes pour la troisième fois: «Père, si c'est possible, que s'écarte de moi ce calice. Père Saint, aide-moi, j'ai besoin de réconfort. Il est vrai qu'à cause des fautes chargées sur mon dos, je suis répugnant, repoussant, le dernier parmi les hommes devant ta Majesté infinie, que ta Justice est indignée contre moi. Mais regarde-moi, ô Père, je suis toujours ton Fils ne faisant qu'un avec toi. De grâce, aie pitié de moi, ô Père, ne me laisse pas sans réconfort!»

Puis il me semble entendre que tu appelles à l'aide ta chère Maman: «Douce Maman, serre-moi dans tes Bras comme tu le faisais quand j'étais enfant, donne-moi ce lait que tu me donnais alors, pour me restaurer et adoucir les amertumes de mon Agonie. Donne-moi ton Coeur, qui était tout mon contentement. Maman, Marie Madeleine, chers apôtres, vous tous qui m'aimez, aidez-moi, réconfortez-moi, ne me laissez pas seul en ces derniers moments, faites cercle autour de moi, réconfortez-moi par votre compagnie et votre amour!»

Jésus, mon Amour, qui pourrait résister en te voyant à cette extrémité? Pourrait-il y avoir un coeur si dur qu'il ne se briserait pas à te voir ainsi suffoquer dans ton Sang? Qui ne fondrait pas en larmes en entendant tes Accents douloureux en quête d'aide et de réconfort? Mon Jésus, je vois le Père qui t'envoie un ange pour te réconforter et t'aider, afin que tu sortes de cet état d'agonie et que tu puisses te remettre toi-même entre les mains des Juifs.

Tandis que tu seras avec l'ange, moi je parcourrai le Ciel et la terre. Tu me permettras de prendre ce Sang que tu as versé, afin que je puisse le donner à tous les hommes comme gage de salut et t'apporter en échange et en guise de réconfort, leurs affections, leurs émotions, leurs pensées, leurs pas, leurs oeuvres.

Maman céleste, je viens à toi pour que nous allions ensemble chez toutes les âmes, leur donner le Sang de Jésus. Douce Maman, Jésus veut du réconfort, et le plus grand réconfort que nous puissions lui donner est de lui amener des âmes. Marie Madeleine, accompagne-nous. Tous les anges, venez voir à quel point Jésus est accablé. Il veut de tous du réconfort. Son accablement est si grand qu'il ne refuse personne.

Mon Jésus, tandis que tu bois le calice d'amertume que le Père céleste t'envoie, je t'entends dire: «Âmes, âmes, venez, soulagez-moi, prenez place dans mon Humanité. Je vous veux, je vous désire! De grâce, ne faites pas la sourde oreille à mes Appels! Ne rendez pas vains mes Désirs ardents, mon Sang, mon Amour, mes Peines! Venez, âmes, venez!»

Jésus, chacun de tes gémissements est une blessure à mon coeur. Je fais miens ton Sang, ton Vouloir, ton Zèle ardent, ton Amour. Et, parcourant le Ciel et la terre, je veux aller chez toutes les âmes pour leur donner ton Sang comme gage de salut, puis te les apporter pour calmer tes Désirs véhéments et adoucir les Amertumes de ton Agonie. Et pendant que je le ferai, daigne m'accompagner de ton Regard.

Maman, je viens chez toi, car Jésus veut du réconfort, il veut des âmes. Donne-moi ta Main maternelle et parcourons ensemble le monde entier à la recherche d'âmes. Renfermons dans son Sang les affections, les désirs, les pensées, les actions et les pas de toutes les créatures, et remplissons leurs âmes des Flammes de son Coeur, afin qu'elles cèdent et, qu'une fois qu'elles seront enfermées ainsi dans son Sang et transformées par ses Flammes, nous les conduisions à lui pour alléger les Peines de son Agonie. Mon ange gardien, précède-moi et va préparer les âmes qui doivent recevoir ce Sang afin qu'aucune goutte ne reste sans son effet puissant.

Maman, vite, allons-y, je vois le Regard de Jésus qui nous suit et nous pousse à activer notre tâche. Et voici, ô Maman, qu'aux premiers pas nous sommes aux portes des maisons où gisent les infirmes. Combien de membres martyrisés! Combien, à cause de l'atrocité de leurs souffrances, éclatent en blasphèmes et essaient de s'enlever la vie! D'autres sont abandonnés de tous et n'ont personne qui leur donne une parole de réconfort, les secours les plus nécessaires et, par conséquent, ils jurent et désespèrent encore plus.

Ah! Maman, j'entends les Sanglots de Jésus qui voit se changer en offenses ses plus chères marques d'Amour, qui font souffrir les âmes pour les rendre semblables à lui. De grâce, donnons-leur son Sang, afin qu'il leur fournisse l'aide nécessaire et que, par sa Lumière, il leur fasse comprendre le bien qui se trouve dans la souffrance. Et toi, Maman, mets-toi tout près d'eux et, en tant que Mère affectueuse, touche de tes Mains maternelles leurs membres endoloris, calme leurs souffrances, prends-les entre tes Bras et, de ton Coeur, verse des torrents de Grâces sur toutes leurs peines. Tiens compagnie aux abandonnés, console les affligés. Pour qui manque des moyens nécessaires, dispose des âmes généreuses pour les secourir; pour qui se trouve soumis à l'atrocité des tourments, obtiens par tes Prières un répit et du repos, afin que, fortifiés, ils puissent avec plus de patience supporter ce que Jésus dispose pour eux.

Cheminons encore et entrons dans les chambres des moribonds. Maman, quelle terreur! Combien d'âmes sont sur le point de tomber en enfer! Combien de gens, après une vie de péchés, donnent l'ultime Douleur au Coeur de Jésus en accompagnant leur dernier souffle d'un acte de désespoir. Il y a beaucoup de démons autour d'eux, jetant dans leur coeur la terreur et l'épouvante des jugements divins, menant leurs dernières attaques afin de les amener en enfer.

D'autres, liés par les liens de la terre n'arrivent pas à se résigner à faire le dernier pas. De grâce, ô Maman, ce sont leurs derniers moments, ils ont grand besoin d'aide. Ne vois-tu pas comme ils tremblent, comment ils se débattent dans les tourments de l'agonie, comment ils cherchent de l'aide et de la pitié? Déjà la terre est disparue pour eux! Sainte Maman, mets ta Main maternelle sur leur front gelé, accueille leur dernier souffle, donne à chacun le Sang de Jésus et mets ainsi en fuite les démons. Dispose-les à recevoir les derniers sacrements et à avoir une bonne et sainte mort.

En guise de réconfort, donnons-leur les Agonies de Jésus, ses Baisers, ses Larmes, ses Plaies. Rompons les liens qui les tiennent liés aux ténèbres, faisons entendre à tous la parole du pardon et mettons-leur tant de confiance dans le coeur qu'ils s'élanceront dans les Bras de Jésus. Et, quand il les jugera, Jésus les trouvera couverts de son Sang, abandonnés entre ses Mains, et il leur accordera son Pardon.

Cheminons encore, ô Maman. Vois comme la terre est pleine d'âmes qui sont sur le point de tomber dans le péché. Il faudrait un miracle pour empêcher leur chute. Par conséquent, donnons-leur le Sang de Jésus pour qu'ils trouvent en lui la force et la grâce pour ne pas tomber dans le péché.

Allons-y pour un autre pas, ô Maman. Voici des âmes déjà tombées dans la faute et qui voudraient une aide pour se relever. Jésus les aime, mais il les regarde horrifié parce qu'elles sont souillées. Donnons-leur le Sang de Jésus, pour qu'elles trouvent la main qui les relèvera. Vois, ô Maman, ce sont des âmes qui ont grand besoin de ce Sang, des âmes mortes à la Grâce. Oh! comme leur état est déplorable! Le Ciel les regarde et pleure de douleur; la terre les regarde avec dégoût; tous les éléments sont contre elles et voudraient les détruire, parce qu'elles sont les ennemis du Créateur. De grâce, ô Maman, puisque le Sang de Jésus donne la vie, donnons-le à ces âmes, afin qu'à son contact, elles ressuscitent et qu'elles ressuscitent plus belles encore, et qu'ainsi elles fassent sourire tout le Ciel et toute la terre.

Cheminons encore, ô Maman. Vois, il y a des âmes qui portent la marque de la perdition, qui pèchent et s'enfuient de Jésus, qui l'offensent et désespèrent de son Pardon. Ce sont elles les nouveaux Judas répandus sur la terre et qui percent le Coeur de Jésus. Donnons-leur le Sang de Jésus, afin qu'il annule la marque de la perdition qu'elles portent et la remplace par celle du salut; qu'il mette dans leur coeur une telle confiance et un tel amour après la faute, qu'elles accourent aux pieds de Jésus et s'attachent à ses Pieds divins pour ne plus jamais s'en détacher. Vois, ô Maman, il y a des âmes qui courent follement vers la perdition et il n'y a personne pour arrêter leur course. Mettons ce Sang sous leurs pieds, afin qu'à son contact elles reculent et se remettent sur le chemin du salut!

Poursuivons notre course, ô Maman. Vois, il y a des âmes qui sont bonnes, des âmes innocentes dans lesquelles Jésus trouve ses complaisances et son repos, mais les créatures sont autour d'elles avec beaucoup de pièges et de scandales pour leur arracher cette innocence et changer les complaisances et le repos de Jésus en amertume. Scellons l'innocence de ces âmes du Sang de Jésus comme d'un mur de protection, afin que la faute n'entre pas en elles. Que ce Sang mette en fuite quiconque voudrait les contaminer, et qu'il les conserve sans tache et pures pour la plus grande Joie de Jésus.

Mais, ô Maman, le Sang de Jésus crie et veut d'autres âmes encore. Courons ensemble, et rendons-nous dans les régions des hérétiques et des infidèles. Combien de douleurs Jésus ne ressent-il pas dans ces régions. Lui qui est la Vie de tous, n'a en retour pas même un petit acte d'amour de ces âmes. Il n'est pas connu de ses propres créatures. De grâce, ô Maman, donnons-leur ce Sang, afin qu'il mette en fuite les ténèbres de l'ignorance et de l'hérésie. Ô Marie, fais-leur comprendre qu'ils ont une âme et ouvre-leur le Ciel. Mettons-les tous dans le Sang de Jésus, conduisons-les près de lui comme autant d'enfants orphelins et exilés qui retrouvent leur père. Ainsi Jésus se sentira réconforté dans son Agonie.

Mais Jésus ne semble pas totalement content, il veut encore d'autres âmes: les âmes moribondes de ces mêmes régions. Il sent qu'elles s'arrachent de ses Bras pour se diriger vers l'enfer. Ces âmes sont sur le point d'expirer et de tomber dans l'abîme, et personne n'est près d'elles pour les aider. Et il n'y a plus de temps, ce sont les derniers moments pour elles. Pour que le Sang de Jésus ne soit pas répandu en vain pour elles, volons vers elles, versons le Sang de Jésus sur leur tête pour qu'il leur serve de baptême et infuse en elles la foi, l'espérance et l'amour.

Mets-toi, ô Maman, tout près de ces personnes, supplée à tout ce qui leur manque. Même montre-toi à elles: sur ton Visage resplendit la Beauté de Jésus; tes manières d'agir sont les siennes et donc, en te voyant, elles pourront connaître Jésus. Puis, presse-les sur ton Coeur maternel, infuse en elles la Vie de Jésus qui t'habite, dis-leur qu'en tant que leur Mère tu les veux heureuses pour toujours avec toi dans le Ciel et, pendant qu'elles expirent, prends-les dans tes Bras, puis dépose-les dans les Bras de Jésus. Et si, selon les droits de la Justice, Jésus fait montre de ne pas vouloir les recevoir, rappelle-lui l'Amour avec lequel il te les a confiées sous la Croix; réclame tes droits de Mère, de sorte qu'à ton Amour et à tes Prières, Jésus ne saura résister. Et tandis qu'il contentera ton Coeur, il contentera aussi le sien.

Ô Maman, prenons ce Sang et donnons-le à tous: aux affligés, pour qu'ils en obtiennent du réconfort; aux pauvres, pour que, résignés, ils vivent leur pauvreté; à ceux qui subissent la tentation, pour qu'ils obtiennent la victoire; aux incroyants, pour que triomphe en eux la vertu de foi; aux blasphémateurs, pour qu'ils changent leurs blasphèmes en bénédictions; aux prêtres, pour qu'ils comprennent leur mission et soient de dignes ministres de Jésus. Touche leurs lèvres avec ce Sang, afin qu'ils ne disent aucune parole qui ne rende gloire à Dieu; touche leurs pieds, afin qu'ils s'empressent d'aller à la recherche d'âmes à conduire à Jésus. Donnons ce Sang aux gouvernants des peuples, pour qu'ils soient unis entre eux et ressentent de la douceur et de l'amour envers leurs sujets.

Rendons-nous maintenant au Purgatoire. N'entends-tu pas, ô Maman, les gémissements des âmes qui s'y trouvent? Ne vois-tu pas leurs désirs véhéments d'amour, leurs tortures, leurs élans incessants vers le Bien suprême? Vois comment Jésus lui-même veut les purifier plus vite pour les avoir avec lui. Il les attire par son Amour, mais quand elles arrivent en sa divine Présence, ne pouvant encore soutenir la pureté du Regard divin, elles sont obligées de retomber dans les flammes!

Maman, descendons dans cette prison profonde et, versant sur ces âmes le Sang de Jésus, portons-leur la Lumière, apaisons leurs désirs ardents d'amour, éteignons le feu qui les brûle, purifions leurs taches. Et ainsi, une fois libérées de toute faute, elles voleront dans les Bras du Bien suprême. Donnons le Sang de Jésus aux âmes les plus abandonnées, afin qu'elles trouvent en lui tous les suffrages que les créatures leur refusent. À toutes, ô Maman, donnons ce Sang, n'en privons aucune, afin qu'elles en reçoivent soulagement et libération. Agis en Reine dans ces régions de larmes et de lamentations, étends tes Mains maternelles et, une à une, sors-les de ces flammes ardentes, afin qu'elles prennent leur envol vers le Ciel.

Et maintenant, rendons-nous au Ciel. Plaçons-nous aux portes éternelles, et permets, ô Maman, que je te donne à toi aussi ce Sang précieux pour ta plus grande Gloire. Que ce Sang t'inonde d'une nouvelle Lumière et de nouveaux Contentements.

Maman, à moi aussi donne ce Sang. Tu sais combien j'en ai besoin. De tes Mains maternelles, couvre-moi tout entière de ce Sang et purifie ainsi mes taches, guéris mes plaies, enrichis ma pauvreté. Fais en sorte que ce Sang circule dans mes veines et m'imprègne de la Vie de Jésus. Qu'il descende dans mon coeur et le transforme en son propre Coeur. Qu'il m'embellisse afin que Jésus trouve en moi tous ses Contentements.

Enfin, ô Maman, entrons dans les régions célestes et donnons ce Sang à tous les saints et à tous les anges, afin qu'ils puissent recevoir une plus grande gloire, éclater en remerciements envers Jésus et prier pour nous, pour que nous puissions tous les rejoindre.

Et après avoir donné à tous ce Sang, retournons à Jésus. Anges, saints, venez avec nous. Ah! lui qui désire tant les âmes, il veut toutes les faire entrer dans son Humanité pour donner à toutes les fruits de son Sang. Plaçons-les toutes autour de lui et il sentira la Vie revenir en lui et il se sentira récompensé de l'Agonie extrême qu'il a soufferte.

Et maintenant, sainte Maman, appelons tous les éléments à lui tenir compagnie, afin qu'eux aussi honorent Jésus. Ô lumière du soleil, viens dissiper les ténèbres de cette nuit pour réconforter Jésus. Ô étoiles, avec vos rayons scintillants, descendez du ciel et venez réconforter Jésus. Fleurs de la terre, venez avec vos parfums. Oiseaux, venez avec vos gazouillis. Tous les éléments de la terre, venez réconforter Jésus. Viens, ô mer, rafraîchir et laver Jésus. Il est notre Créateur, notre Vie, notre Tout. Venez tous le réconforter, lui rendre hommage en tant que notre souverain Seigneur. Mais, je vois que Jésus ne cherche pas tellement la lumière, les étoiles, les fleurs, les oiseaux; il veut des âmes, des âmes!

Voici, ô mon doux Bien, elle est tout près de toi, ta chère Maman, repose-toi entre ses Bras; elle sera réconfortée elle aussi en te pressant sur son Sein, parce quelle a pris grande part à ta douloureuse Agonie. Il y a également ici Marie Madeleine, Marthe, ainsi que toutes les âmes aimantes de tous les siècles. De grâce, ô Jésus, accepte-les, et dis à toutes une Parole de Pardon et d'Amour.

Mais il semble que tu me dises: «Ô mon enfant, combien d'âmes me fuient et finissent par tomber dans l'éternelle ruine! Comment pourra se calmer ma Souffrance si une seule âme se perd. J'aime chaque âme, au même titre que j'aime toutes les âmes ensemble!»

Ô Jésus agonisant, il semble que ta Vie est sur le point de s'éteindre. J'entends tes gémissements. Tes beaux Yeux sont voilés par la mort toute proche. Tous tes Membres cèdent et tu sembles ne plus respirer. Mon coeur est brisé de douleur. Je t'embrasse et je te sens gelé. Je te secoue et tu ne donnes pas signe de vie: «Jésus, es-tu mort?» Maman affligée, anges du Ciel, venez pleurer Jésus, et ne permettez pas que je continue de vivre sans lui. Je ne le peux! Je le serre plus fort contre moi et je sens qu'il fait une autre Respiration. Et puis de nouveau il ne donne plus signe de vie. Je l'appelle: «Jésus, Jésus, ma Vie, ne meurs pas! Voilà que j'entends le tapage de tes ennemis qui viennent te capturer. Qui te défendra dans l'état où tu te trouves?»

Mais voici que, te secouant comme si tu ressuscitais, tu me regardes et me dis: «Ô âme, tu es ici? Tu as donc été spectatrice des Peines et des nombreuses Morts que j'ai subies? Maintenant sache qu'en ces trois heures d'Agonie si terribles dans le Jardin, j'ai renfermé en moi la vie de toutes les créatures et j'ai souffert toutes leurs peines et leur propres morts, donnant à chacune ma Vie. Mes Agonies soutiendront la leur, mes amertumes et ma mort se changeront pour elles en douceur et en vie. Combien me coûtent les âmes! Si seulement elles me rendaient quelque chose en retour! Tu as bien vu qu'alors que je mourais, je recommençais à respirer. C'étaient les morts des créatures que je ressentais en moi.»

Mon Jésus angoissé, puisque tu as voulu porter en toi ma mort, je te prie de venir m'assister au moment de ma mort. Je t'ai donné mon coeur comme refuge et repos, mes bras pour te soutenir, j'ai mis tout mon être à ta disposition. Et combien volontiers je me mettrais entre les mains de tes ennemis pour pouvoir mourir à ta place! Viens, ô ma Vie, en ce moment, pour me donner ce que je t'ai donné: ta Compagnie, ton Coeur en guise de lit et de repos, tes Bras en guise de soutien, ta Respiration pour soulager mes angoisses. Ainsi ton Souffle me purifiera de toute tache et me disposera à entrer dans la béatitude éternelle.

Donne à mon âme ton Humanité infiniment sainte, de sorte qu'en me regardant, tu te regardes toi-même, et qu'ainsi tu ne trouves en moi rien que tu puisses réprouver. Baigne-moi dans ton Sang, revêts-moi du vêtement blanc de ta Divine Volonté, afin que je puisse ainsi prendre mon envol vers le Ciel. Et ce que je te demande pour moi, fais-le à tous les agonisants; embrase-les tous du feu de ton Amour, sauve-les tous et ne permets pas qu'un seul ne se perde!

Mon Bien, que cette Heure Sainte, faite en mémoire de ta Passion et de ta Mort, désarme la colère de Dieu méritée par nos péchés, fasse descendre d'abondantes Grâces sur la sainte Église, entraîne la conversion des pécheurs, amène la paix des peuples, se répercute sur notre sanctification, et donne un grand soulagement aux âmes du purgatoire. Amen.

 

Réflexions et pratiques.

Durant sa troisième Heure dans le Jardin, Jésus demanda l'aide du Ciel. Et ses Peines étaient si grandes qu'il demanda aussi du réconfort à ses disciples. Et nous, en toute circonstance -- revers, souffrances, mésaventures -- savons-nous demander l'aide au Ciel? Et si nous faisons appel aux créatures, le faisons-nous avec ordre, auprès de ceux qui peuvent nous réconforter saintement? Et sommes-nous résignés si nous n'avons pas les réconforts que nous espérons. Savons-nous nous servir des lacunes des créatures pour nous abandonner davantage entre les Mains de Jésus?

Jésus fut réconforté par un ange. Et nous, pouvons-nous dire que nous sommes des anges pour Jésus, en sachant rester près de lui pour le réconforter et partager ses amertumes? Mais pour pouvoir vraiment servir d'ange pour Jésus, il est nécessaire d'accepter nos peines comme nous étant envoyées par lui, donc comme des peines divines. Ce n'est qu'alors que nous pourrons réconforter notre Dieu attristé. Autrement, si nos peines, nous les prenons dans un sens humain, nous ne pourrons pas nous en servir pour réconforter l'Homme-Dieu et, par conséquent, nous ne pourrons pas lui servir d'ange consolateur.

Quand nous endurons avec amour et résignation les souffrances que Jésus nous envoie, elles se changent en un nectar exquis pour lui. Dans toute souffrance, disons-nous: «Jésus m'appelle à faire l'ange auprès de lui, il veut mon réconfort et, par conséquent, il me fait prendre part à ses Souffrances.»

Jésus, mon Amour, dans mes souffrances je cherche ton Coeur en guise de repos; et pour tes Souffrances je veux te faire un abri avec mon coeur, pour que nous partagions nos souffrances. Que je sois ton ange consolateur!